comment s'en sortir ???

A mon arrivée en France en 2001, j'étais loin d'imaginer les difficultés que j'allais rencontrer pour travailler.
Sans diplôme, des expériences en tous genres, j'ai plutôt grandi à l'école de la rue, bien que ma famille ait tout tenté pour me faire étudier, j'ai toujours préféré le terrain, la rencontre, l'apprentissage sur le tas, et cela se pratique couramment dans les pays du Maghreb. Je ne suis pas venu en France pour devenir riche, ni dans l'idée que cela serait un paradis, et après tout, je serais bien resté chez moi. Seul le rapprochement familial, me conduit à traverser la Mediterranée. Dur passage, mais expérience enrichissante de toutes façons.
Je vais passer sur les détails pour le moment, juste une petite énumération  des jobs occupés en France, Brest, finistère.
Ramasseur d'échalottes
vendeur sur le marché
manutentionnaire et emballeur dans une usine de poissons fumés
en réinsertion (passage quasi obligatoire pour les "incapables, les bons à rien, les feignants etc....ce que je ne suis pas bien sûr), donc, ouvrier maçon. Je devais faire une formation à la suite de cette période, mais il fallait s'inscrire, attendre, combien de temps, ????? bidon
ouvrier d'abattoir, génial, je salais les peaux des pauvres vaches, (oui, marocain, maroc, cuir, etc...)
ouvrier de serre, de préférence le training, c'est à dire, à trois mètres de hauteur sous la verrière, en équilibre toute la journée, pause pipi minutée, et décomptée, la serre faisait des kilomètres de long.....)
ouvrier d'abattage de poulet, j'accrochais les poulets à des crochets toute la journée.

J'ai tenté : formation de crepier (une année pour apprendre à faire des crepes, de l'écrit, des maths, tout ce que je déteste, incoutournable, il y a du monde , il faut sélectionner.)
Bagagiste à l'aéroport, c'était presque tout bon, ca a coincé, car j'avais eu un petit incident de parcours au volant, notifié chez le prefet. Donc, refus à l'arrivée.


Après le négatif, je voudrais dire que j'ai quand même quelques savoir faire interessants, qu'il ne m'a pas été possible de valider d'aucune façon en France, sans avoir à passer des cap, bep, et patati et patata, j'ai 37 ans, je n'ai pas plus envie de me mettre à étudier dans les cahiers et les livres. Par contre, apprendre sur le tas comme on faisait dans l'ancien temps, ca oui, du concret, du pratique, de l'ouvrage. Mais c'est pas possible ici en France.



Après reflexions, palabres et nuits blanches, je me suis dit, et on m'a aussi dit que j'avais peut-être quelque chose à apporter ici, un échange qui pourrait être fructueux, intelligent, amusant, voire rémunérateur, en tous cas, des choses qui ne nous clouent pas au sol, ne nous humilient pas, ne nous rabaissent pas, des échanges basés sur de l'humain.
On inverse la vapeur. On inverse les rôles.
Je sais cuisiner, et plutôt bien, ce sont les autres qui le disent, et j'ai été à bonne école. Le rapport à la nourriture, la cuisine, le bien manger, toutes ces choses sont des valeurs très importantes chez moi, on les cultive, on les respecte, et si on a un peu la patte, et le goût de l'aventure, car c'en est une, ca vaut le coup de s'y mettre.
J'adore ca. J'invente, je revisite, j'adapte, je régale qui veut, et c'est un plaisir sans cesse renouvelé.
J'ai évidemment cherché à travailler dans la restauration de préférence marocaine, mais Brest est une petite ville, pas ou peu de travail, tout le monde bosse en famille, à part la plonge et encore, il faut un Cap , ici, c'est comme ca.
L'idée de donner des cours de cuisine s'est peu à peu imposée à moi. POurquoi pas ? J'aime le contact, et je pense réussir à partager et passionner tous ceux qui s'interessent à la question.
Ici, en France, chez les particuliers, et au Maroc, au sein de ma famille, bien immergé dans la tradition et l'ambiance. Voila une chose que j'essaie de développer et de proposer. Prometteur.
première idée, la base de quelque chose de nouveau, un regard nouveau.